Extrait : J’avais 23 ans, 130 livres tout mouillé et l’enthousiasme d’un chiot fraîchement sorti du placard. C’était quelques jours avant la Fierté. Je prenais un verre dans un bar du Village avec un gars un peu plus vieux, mi-trentaine, daddy 100% assumé. À un moment, je lui dis que j’ai hâte à la Pride. Il roule des yeux et me sort : « Moi, j’aime pas ça. C’est juste des gars en bobettes sur des chars. »
Extrait : J’avais 23 ans, 130 livres tout mouillé et l’enthousiasme d’un chiot fraîchement sorti du placard. C’était quelques jours avant la Fierté. Je prenais un verre dans un bar du Village avec un gars un peu plus vieux, mi-trentaine, daddy 100% assumé. À un moment, je lui dis que j’ai hâte à la Pride. Il roule des yeux et me sort : « Moi, j’aime pas ça. C’est juste des gars en bobettes sur des chars. Ça représente pas la communauté. Tu vas comprendre en vieillissant. »
Extrait : Ce mois-ci, ça fera dix ans que je suis avec mon chum. C’est l’adoption d’un chat, deux burnouts (un chacun, question d’être équitable), trois voyages dans le Sud, l’achat d’un condo et une phase zéro déchet qui s’est terminée avec 46 pots Mason.
Extrait : Il y a quelques semaines, je prenais un verre avec un gars plus jeune, 25 ans. Une rencontre douce, pleine de confidences spontanées, comme on en fait parfois tard le soir dans un bar. Il me parlait de son coming out, de ses crises d’anxiété, de ses relations éphémères et de sa difficulté à s’attacher. Puis, au fil de nos échanges, je mentionne Harvey Milk.
Extrait : Il s’est agenouillé devant moi, son regard rivé au mien avec une intensité qui frôlait l’indécence. Ses mains glissaient sur mes hanches, marquant leur présence sur chaque centimètre de ma peau. Son souffle, lent et brûlant, s’attardait sur mon bas-ventre. Il prenait tout son temps, et j’en redemandais. J’ai fermé les yeux et savouré l’instant. Puis, sans un mot, il s’est retourné face contre le mur, s’offrant tout entier.
Extrait : Ma gorge était nouée, mes lèvres tremblantes. Il fallait que ces mots sortent. Alors, d’une voix presque étranglée, j’ai fini par les lâcher : « Je suis gai ». C’était une délivrance, mais aussi une peur sourde, celle de ce qui viendrait après. Parce qu’une fois dit, plus jamais on ne revient en arrière. Ce dévoilement ouvre des portes et en ferme d’autres, redéfinissant tout en un instant. J’étais prêt à prendre ce risque, à être moi. C’était il y a douze ans.
Extrait : Je pousse doucement la porte de chez moi, encore habité par l’excitation de la soirée. L’air frais de la nuit effleure mon corps, emportant une partie du parfum de ce bel inconnu, mais il reste suspendu à mon col. Je sens encore la pression de ses mains sur ma nuque, le goût salé de sa salive sur mes lèvres, la chaleur de son souffle contre ma mâchoire.
Retour vers le passé : le Village gai en 1994
Extrait : L’idée de voyager à bord d’une DeLorean, comme dans Retour vers le futur, m’a toujours fasciné. Je m’imagine me retrouver dans le Village gai de Montréal, en juillet 1994. À l’époque, je n’avais que cinq ans, trop jeune pour comprendre les luttes de notre communauté ou l’effervescence de cette décennie. Une curiosité insatiable m’anime pour ces années où tout semblait à la fois fragile et intensément vivant.
Extrait : L’exil LGBTQ+ est souvent perçu comme une échappatoire, une fuite nécessaire face à l’oppression. Qu’implique réellement ce saut dans l’inconnu? Plus qu’un changement de décor, c’est une confrontation avec soi-même, une quête identitaire jalonnée d’obstacles, de renoncements et de découvertes.
Extrait : Il y a un an, sur la plage d’Oka, j’ai posté ma première photo torse nu sur Instagram. Pour beaucoup, cela pourrait sembler un geste anodin. Mais pour moi, c’était un acte décisif, un défi lancé à mes propres insécurités face à un univers numérique souvent plus toxique que valorisant.
Extrait : Cette minute de silence m’a forcé à affronter une réalité que je connaissais peu, à comprendre que cette joie que nous partagions n’était pas née de rien. Elle avait été forgée par le sang, la sueur et les larmes de ceux qui avaient combattu avant nous.
Extrait : Il fut un temps où le flirt était considéré comme un art en soi, un jeu de regards, de sourires subtils, de conversations envoûtantes dans les bars du Village. Chaque interaction en face-à-face était une occasion de découvrir l’autre, de ressentir sa présence, de se laisser envoûter par la séduction.